Massacre au nez et à la barbe de l’Onuci. Frci, dozos et des jeunes brûlent tout. Au moins 12 morts et de nombreux blessés
La ville de Duékoué a connu encore l’horreur dans la matinée d’hier vendredi 20 juillet 2012. Avec l’attaque meurtrière du site de déplacés de Nahibly par des jeunes malinké épaulés de dozos et Frci. Au nez et à la barbe des soldats onusiens qui ont en charge la sécurité de ce site d’accueil de déplacés. Bilan provisoire : une douzaine de morts et de nombreux blessés.

Il est un peu plus de 8 heures du matin, quand les déplacés de Nahibly sont surpris par une escouade de dozos qui encerclent le camp. Pendant que certains d’entre eux se positionnent, armes au poing, à l’entrée du site. Et trente minutes après, des jeunes surexcités, armés de gourdins, de pierres et autres, et accompagnés d’une vingtaine d’éléments des Frci, arrivent sur les lieux. Ils se mettent aussitôt à détruire la clôture du site et mettent le feu à toutes les tentes du site de Nahibly qui abritaient un peu plus de 5000 âmes.

Tout se passe au nez et à la barbe des soldats onusiens, casques bleus marocains et pakistanais commis à la sécurisation du site, mais qui ont abandonné les populations à leur sort, visiblement dépassés eux-mêmes par la célérité avec laquelle les évènements, d’une rare violence, se sont déroulés. A la vue de ces «assaillants», c’est le branle-bas total dans le camp. Les déplacés, mus par l’instinct de survie, trouvent refuge dans les broussailles environnantes, quand d’autres courent dans tous les sens à la recherche d’un abri. Malheureusement, quelques-uns ne vont pas échapper à la furia des agresseurs.

Selon les informations recueillies sur le site, on dénombrait en fin d’après-midi une douzaine de morts. Certains complètement calcinés, d’autres tués par balles et d’autres encore découpés à la machette. Pourtant, c’est en présence de toutes les autorités administratives et militaires, avec à leur tête le Préfet Benjamin Effoli, que l’attaque a été perpétrée, selon les dires des déplacés du site de Nahibly. Qui expliquent que juste après l’attaque de Nahibly, les agresseurs se sont déportés au camp annexe qui est situé sur le site de la Mission catholique de Duekoué. L’attaque contre le site de Nahibly, selon les victimes a duré au moins 1h 30 mn, après quoi les agresseurs se sont dispersés.

Selon les informations en notre possession, tout est parti du fait que la veille, dans la nuit du jeudi au vendredi, des «malfrats» ont commis des vols à domicile soldés par des morts d’homme, dans le quartier Kokoman, majoritairement peuplé de malinké. Bilan de cette attaque : 4 morts, tous des Malinké.

Le hic, c’est que les riverains du quartier Kokoman soupçonnent des pensionnaires du site d’accueil de Nahibly d’être les auteurs de ces assassinats de la veille. Et c’est en représailles que les jeunes Malinké, aidés de dozos et Frci ont attaqué le site de Nahibly. Même les Frci appelées en renfort pour stopper les attaques sont resté de marbre, sinon se sont faits complices, en assistant à la course-poursuite des jeunes déplacés, au dire de quelques personnes interrogées par téléphone. Le préfet de la ville, a-t-on appris, a ordonné la fermeture de la Mission catholique.

Du coup, les déplacés rescapés de cette furia meurtrière ne savent plus à qui s’en remettre. C’est la désolation totale. A la tombée de la nuit, 26 d’entre eux étaient portés disparus, quand selon une source médicale, 37 personnes ont été admises en soin. La dernière journée du Baccalauréat a été fortement perturbée à Duekoué, avec cette ambiance de folie meurtrière.

Frank Toti

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